Une sismicité locale non négligeable.

L'essentiel des séismes ressentis en Nouvelle-Calédonie est causé par la tectonique de l'Arc du Vanuatu. L'enfoncement de la plaque australienne sous la plaque Pacifique génère des séismes pouvant atteindre une magnitude maximale de 8.0 et dont la localisation se situe, au minimum, à 100 km de Maré, 150 km de Lifou et 300 km de Nouméa. Les îles Loyauté sont donc particulièrement exposées aux séismes « vanuatais » tandis que Nouméa, plus éloignée, l'est nettement moins. Illustration avec le séisme du 15 mai 1995 de magnitude 7.8 qui s'est produit au Vanuatu et a été ressenti avec une intensité de IV à Nouméa (vibrations comparable au passage d'un gros camion), située à 370 km de l'épicentre.

En dehors de cette sismicité liée au contexte régional, il existe une sismicité locale faible mais non négligeable sur et autour de la Grande Terre. Une évaluation de l'intensité de séismes locaux a montré qu'ils ont été jusqu'à présent ressentis avec une intensité maximale de V à Nouméa et Canala, IV à La Tontouta, Boulouparis, La Foa et III Poindimié, Houailou.

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La surveillance sismique de la Nouvelle-Calédonie s'effectue grâce à un réseau de 8 stations sismologiques réparties sur l'ensemble de l'archipel et reliées en temps réel au centre IRD de Nouméa. Tout séisme local de magnitude supérieure à 3 est détecté quasi-instantanément.

Découvrez en plus sur le réseau sismique de Nouvelle-Calédonie

Avant la mise en service du réseau IRD en 2011, les premières cartes de sismicité de la Nouvelle-Calédonie ont été réalisées par le recensement d'événements enregistrés par des réseaux sismiques internationaux (ex : catalogue du National Earthquake Information Center entre 1960 et 2002 avec des séismes de magnitude 4 minimum) ou par quelques stations locales.

L'ensemble des études indique que la sismicité locale la plus importante se situe :
  • dans le sud de la Grande terre et au niveau du lagon sud : des séismes majeurs au niveau de la passe de Mato / Grand récif Sud (03/12/1990 M= 5.6 et 24/02/1991 M= 5.1) et au sud de l’île Ouen (séisme du 19/02/1999 M=4.2) ainsi que des séismes de magnitude 2.5 à 3.5 au Mont Dore-Plum et dans la vallée de La Tontouta ont été enregistrés. Cette région sismique, représente la menace la plus importante pour le sud de la Grande Terre et Nouméa,
  • en bordure de la marge est de la Grande Terre,
  • à l’ouest des Iles Belep,
  • à l’est de la ride de Fairway.


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Le séisme le plus meurtrier en Nouvelle-Calédonie reste à ce jour celui du 28-30 mars 1875 (sud Vanuatu/île Loyauté, magnitude évaluée à 7) qui fut suivi d'un tsunami et causa à Lifou la mort de 25 personnes.

Photo Lifou journal 20 minutes
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Origine de la sismicité locale : la réactivation de failles existantes

La localisation des séismes superficiels en Calédonie, notamment ceux de l'extrême sud, serait à mettre en relation avec :
  • l'activation de cassures anciennes mises en place lors de l'histoire géologique mouvementée de la Nouvelle-Calédonie.
  • l'activation de failles récentes liées à la surrection du sud de la Grande Terre dans le cadre du bombement de la plaque australienne précédant sa subduction au niveau de l'arc du Vanuatu.
En raison de toutes ces caractéristiques (sismicité élevée, tectonique complexe), le Pacifique sud-ouest et la Nouvelle-Calédonie représentent un laboratoire d'étude particulièrement intéressant pour les scientifiques. A l'IRD de Nouméa, la sismologie et la géophysique de la région font l'objet d'études depuis 25 ans. Les recherches menées en collaboration avec GéoAzur, l'Institut de Physique du Globe de Paris sont axées sur la tectonique active et l'aléa sismique et s'appuient sur un réseau de stations sismiques installées en Calédonie depuis janvier 2010 et au Vanuatu mais aussi sur un réseau de stations GPS (mesures des mouvements horizontaux et verticaux), une bouée DART (mesures du niveau de la mer) et d'un sondeur bathymétrique.

Préparer la population

Au delà de 24 heures après un séisme, les chances de retrouver des survivants sous les décombres s'amenuisent rapidement. Une mise en œuvre rapide et efficace de l'ensemble des moyens de secours disponibles s'avère donc essentielle pour une bonne gestion de la crise et une efficacité maximale des secours :dresser un état des lieux précis des zones sinistrées, inventorier les moyens publics et privés susceptibles d'être mobilisés (ambulances, véhicules incendie, véhicules de déblaiement...), prendre des décisions stratégiques...
Dans ce cadre, les communes de Nouvelle-Calédonie ont mis en place un plan d'alerte et de sauvegarde (valable pour tout type de catastrophe naturelle comme le passage de cyclones). En cas de crise, les maires coordonnent et organisent les secours sur le territoire dont ils ont la charge (remise en état la voirie, mise en place d'itinéraires de déviation, mise en sûreté publique) tandis que le Haut-Commissaire de la République, le représentant de l’État sur le territoire, mobilise les services publics de l'Etat (armée, gendarmerie, police, sécurité civile).

Prévention du risque séisme et tsunami avec la Croix Rouge

Un contexte tectonique régional particulièrement mouvementé.

La tectonique du Pacifique Sud-Ouest est marquée par l'affrontement de deux grandes plaques : la plaque Pacifique et la plaque Australie dont la frontière de convergence se confond avec la longue courbe de sismicité entre les îles Salomon et la Nouvelle-Zélande.

Mais, fait unique au monde, en plein milieu de l'océan, le sens de glissement s’inverse le long de la frontière des plaques Australie et Pacifique :
  • à l'ouest, entre les îles Salomon et le Vanuatu, la plaque australienne glisse sous la plaque Pacifique
  • à l'est, des îles Tonga jusqu'à la Nouvelle-Zélande, c'est la plaque Pacifique qui s'enfonce et disparaît sous la plaque australienne.
Cela engendre une « joyeuse pagaille tectonique » dans laquelle se mêlent toutes les dynamiques possibles : plaques et micro-plaques convergent, divergent et coulissent au gré des innombrables failles, dorsales et fosses océaniques présentes dans cette région.

Ce dispositif tectonique original et complexe détient également le record des vitesses d'ouvertures et fermetures océaniques jamais répertoriées sur la planète.
  • 36 cm de lithosphère disparaissent chaque année le long des deux subductions : la vitesse de convergence atteint 24 cm/an au nord de l'arc des Tonga-Kermadec et 9 à 16 cm/an au niveau de l'arc des Salomon-Vanuatu,
  • des dorsales fabriquent deux bassins océaniques qui élargissent de 28 cm/an l’espace océanique entre le Nord des Tonga et le sud du Vanuatu: le bassin nord-fidjien (taux d'ouverture à 16 cm/an) et le bassin de Lau qui longe l'arc des Tonga-Kermadec (12 cm/an). Ces rythmes effrénés intensifient les activités sismiques et volcaniques.
La Nouvelle-Calédonie est portée par la plaque australienne et se rapproche inexorablement du Vanuatu à une vitesse de convergence allant jusqu'à 12 cm par an. A ce rythme, l'île de Maré, distante de 105 km de la fosse du Vanuatu entamera sa plongée sous l'arc du Vanuatu dans un million d'années …

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La subduction de la plaque australienne sous l'arc des Vanuatu s'accompagne également de mouvements verticaux de la lithosphère. Ainsi, les altitudes relevées par GPS au niveau des formations récifales quaternaires qui recouvrent les îles Loyauté (altitude d'Ouvéa : 46 m, de Lifou : 104 m et de Maré 138 m) indiquent que les îles Loyauté accompagnent un bombement de la plaque australienne juste avant sa subduction. Les récifs coralliens ayant « enregistré » les hauts niveaux historiques de la mer servent de marqueur de référence aux géologues qui cartographient ainsi les régions en soulèvement ou enfoncement vertical (on parle de surrection et subsidence). Ainsi, les différentes études ont permis de montrer que les îles Loyauté, l'île des Pins mais aussi le sud de la Grande Terre (région de Yaté) se soulèvent à des vitesses comprises entre 1,2 et 2,5 millimètres par décennie.

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La Nouvelle-Calédonie

La Nouvelle-Calédonie est située dans le Pacifique Sud Ouest à 1500 km à l'Est de l'Australie. L'archipel est constitué d'une île principale, la Grande Terre, orientée NW-SE et de plusieurs ensembles d'îles plus petites : au nord les îles Belep, à l'est les îles Loyauté (Ouvéa, Lifou, Tiga et Maré) et Walpole, à l'ouest les îles Chesterfield ainsi que l'île des Pins au sud et les îles de Matthew et Hunter à l'extrême sud du Vanuatu. La Nouvelle-Calédonie comprend près de 250.000 personnes dont les deux-tiers habitent à Nouméa, la capitale, et dans sa banlieue proche.

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La plaque Australienne portant la Nouvelle-Calédonie et les îles Loyautés plonge sous l’Arc du Vanuatu en créant la fosse du Vanuatu. On remarque une interruption de la fosse en face des îles Malikolo et Santo, car la ride d’Entrecasteaux (au Nord, continuation de la NC et des Loyautés) arrive dans la subduction. Elle bloque localement la subduction, ce qui a créé les deux îles de Malikolo et Santo.